CLÉOPÂTRE

Myriam Harry

— Nouvelle édition —

« On n’invente pas la vie amoureuse de Cléopâtre. Aucun roman ne vaudrait sa superbe et dramatique histoire. Aussi n’ai-je pas la fatuité de relater des faits nouveaux. Je me suis seu­lement efforcée de regarder la dernière des “Pharaones enchantées” du côté égyptien.
Et cela est plus difficile qu’on s’imagine.
Car si nous connaissons avec exactitude les yeux langoureux de la reine Hatasou et sa barbe postiche, si nous possédons le scarabée nuptial d’Aménophis III et jusqu’à son ex-libris, si Toutankhamon nous apparaît dans son éternellement jeune réalité, après trois millénaires de songe spectral, de Cléopâtre, contemporaine d’Hérode-le-Grand, pourtant voisine de notre ère, de Cléopâtre ni les annales ni la terre égyptienne ne nous révèlent rien, comme si elles voulaient en un vindicatif oubli plonger la mémoire de celle, qui loin de la voluptueuse Alexandrie, alla, sur sa mythologique galère, chercher d’étrangères amours.
Rien, ni momie, ni papyrus, ni images et les rares monnaies où l’on discerne un long profil sont attribuées, aujourd’hui, à sa rivale Octavie, si bien que même l’assertion du grave Pascal relative à l’influence nasale de Cléopâtre sur la destinée du monde, se trouve des plus compromises. »